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L’accord entre H2O et les autorités financières britanniques peine à « tourner la page »

Est-ce une étape majeure, comme l’assure le gestionnaire d’actifs français H2O, ou un leurre, comme l’affirme le collectif d’investisseurs qui le poursuit en justice ? L’accord conclu par H2O avec l’autorité de tutelle du secteur financier britannique suscite, en tout cas, critiques et interrogations.
Mis en cause depuis 2019 pour avoir investi plus de 1,6 milliard d’euros dans des actifs risqués et peu liquides du groupe Tennor, contrôlé par l’homme d’affaires allemand Lars Windhorst, H2O s’est engagé auprès de la Financial Conduct Authority (FCA, l’instance de régulation du secteur financier britannique) à verser 250 millions d’euros aux porteurs de parts de ses fonds « cantonnés », la partie de son portefeuille bloquée depuis 2020.
Une offre formelle de rachat devrait être lancée en septembre. Les porteurs de parts qui l’accepteront devront renoncer à toute demande ultérieure de réparation ; en échange, H2O leur promet un paiement « accéléré et majoré ».
« Notre priorité était d’apporter une réponse rapide aux investisseurs qui nous demandent une solution au blocage d’une partie de leurs fonds, qui veulent tourner la page. Et les équipes de H2O ont aussi besoin de tourner la page, pour relancer la vie de la société », explique Loïc Guilloux, le directeur général du groupe, dont les actifs sous gestion représentent aujourd’hui un peu plus de 6 milliards d’euros, cinq fois moins qu’avant le scandale.
Mais les engagements ne convainquent pas le collectif de porteurs qui a assigné en décembre 2023 plusieurs sociétés du groupe H2O, Natixis Investment Managers, son ex-maison mère toujours actionnaire à 23,4 %, le cabinet d’audit KPMG et la société de services aux investisseurs Caceis.
« H2O a beau jeu de tirer de cet accord des conclusions qui lui sont favorables, mais personne n’est dupe, à part ceux qui ont envie de l’être. Parmi nos clients, je pense que personne ne croit à cette fable », dit Dominique Stucki, avocat du collectif, qui réclame plus de 800 millions d’euros d’indemnisation pour ses 9 000 membres. D’autant que rien n’oblige les investisseurs à accepter l’offre à venir : l’accord entre H2O et la FCA précise que « la totalité des 250 millions d’euros sera distribuée à terme aux porteurs de parts actuels [des fonds cantonnés], qu’ils participent ou pas à l’offre ». Dans ce dernier cas, le paiement pourra toutefois attendre jusqu’en 2031.
H2O, que l’accord avec la FCA exonère de toute reconnaissance de responsabilité tout comme ses actionnaires, assure que les porteurs de parts pourront récupérer entre 87 % et 93 % de la valorisation de leur investissement au 28 août 2020, jour de la suspension des fonds concernés. Une présentation « trompeuse », juge Me Stucki, « d’autant que sur le calcul du préjudice subi on est à des années-lumière de la réalité : notre calcul aboutit à 2,34 milliards d’euros et non 1,6 milliard ».
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